Avanien en terre Cien. [PV: Ira]

Les Avaniens... La haine que leur vouait chaque Cien, en dépit de leur "paix" ne s'était pas envolée. Au contraire, cet étrange calme n'avait fais qu'attiser la colère que certains refoulaient depuis qu'on les avait abandonné dans un hiver éternel.
Ira se demandait souvent qui était sa vraie famille. Non... en fait, pas si souvent que ça, mais comme chaque orphelin, elle se posait des questions. Elle serait incapable de considérer ses parents, les vrais, comme ceux qui l'avaient mise au monde. Après tout, après l'avoir fait naître ils avaient voulu la tuer... Sa vraie famille, c'était Hécate et Nightquest, rien d'autre. Et ça lui suffisait.

La louve claire avait fait un rêve étrange. Pour une fois, elle n'avait pas été une super louve, bien au contraire. Elle avait était une petite louve sans défense, endormie, qu'on avait déposé dans la neige. Elle s'était alors réveillée, avait regardé tout autours d'elle: il n'y avait plus rien eu. Comment était-elle arrivée ici?! Pourquoi ses parents n'étaient-ils pas là? Une douleur avait déchiré sa poitrine: en plus de la faim, l'abandon lui faisait ressentir un manque d'amour, l'impression d'avoir fauté. Une ombre s'était alors dressée sur elle. Nightquest. Elle s'était réveillée en sursaut. Revoir ces images ne lui plaisaient guère. Elle voulait les oublier, les enfouir, très loin dans sa mémoire. Les condamner comme elle l'avait été.

S'étirant, Ira avait décidé de prendre l'air, de se dégourdir les pattes et se changer les idées. Le territoire, malgré son obscurité, était vaste, et il y faisait bon vivre. Pour une fois, elle préférait vivre ici qu'avec les Avaniens. Toutefois, quand elle songeait qu'ils se permettaient de profiter de leur température, sa rage se manifestait par des bouffées de chaleur qui, de suite, rendait l'atmosphère beaucoup moins appréciable.
Elle évacua ses pensées, tenta de trouver quelque chose de positif à son soucis: Lhou. Elle pourrait peut être la croiser! Et peut être aussi ce messager... Nathanaël?

Un sourire apparut sur ses babines tandis qu'elle galopait tranquillement vers les terres de glace. Oui, bizarrement, aujourd'hui, elle avait envie de balader là-bas. Mais, alors qu'elle rentrait au milieu des pics de glace et du terrain glissant, une odeur lui agressa les narines. Elle se retint d'éternuer, portant sa patte à son museau. Un Avanien. Et pas un de ceux qu'elle espérait. Il était seul, éloigné de ses terres... N'importe quel Cien, aussi attristé de son abandon qu'Ira l'était intérieurement, aurait sans doute profité de l'occasion pour commettre un meurtre et se remplir la panse, en dépit de ce prétendu traité de paix entre les meutes. La louve claire ne savait même pas pourquoi il y en avait eu un. Ezalia était vraiment une louve curieuse parfois dans ses choix...

Soupirant, elle s'allongea, observant au travers des pics de glace le loup apparaitre peu à peu. Il semblait mal à l'aise, elle le sentait. Il avait envie de partir visiblement, étrange qu'il reste.
Petit à petit, la glace qui les séparait avait disparu. Le loup avait avancé et, s'il aurait tourné la tête vers la louve immobile, il l'aurait peut être vu.
Silencieuse, elle attendait, ses yeux gris unicolores fixés sur lui...

[désolée c'est naze mais pas inspirée x.x]

[Mais non, c'est très bien]

L'Avanien était perdu. Il n'aurait pas du pouvoir se perdre, et au besoin cela n'aurait pas été trop difficile de savoir qu'au lieu de rentrer chez lui, il s'enfonçait en fait dans le territoire Cien. Mais il n'était pas seulement mal à l'aise: la peur commençait à le prendre petit à petit.
Ce fut uniquement quand chaque pas lui demandait une trop grande dose de concentration qu'il s'arrêta totalement pour se calmer.Il ferma les yeux et tenta de reprendre ses esprits. Petit à petit, sa respiration retrouva un rythme plus normal, ainsi que les battements de son cœur. Garder son calme était nécessaire pour pouvoir guérir les blessures, et une des premières choses qu'on apprenait en tant que guérisseur était justement de savoir garder son calme ou de savoir le retrouver rapidemment.

Quand il rouvrit les yeux, il était toujours aussi mal à l'aise, mais il pouvait regarder autour de lui autrement que comme un univers qui voulait l'engloutir, même si il avait toujours la sensation d'être observé. Mais cette fois, ce n'était pas sans raison: ses yeux finirent par trouver ce qui lui donnait cette sensation: il était effectivement le centre d'attention d'un ou d'une louve. De loin, il ne pouvait pas voir grand chose: tout ce qu'il distinguait était son pelage gris clair, mais surtout ses yeux, du même gris que la fourrure de ses oreilles, et surtout totalement gris. Les yeux uniques des Ciens.

Shkeil se redressa et se fit un pas en arrière. Cela ne servait à rien de faire semblant de ne pas avoir vu son observateur, et il était totalement dans la défensive en attendant de voir si le ou la Cien le laissait partir ou s'approchait.

Le Cien se leva, observant toujours Shkeil, immobile. Était-ce la tétanie, du courage ou tout simplement le réalisme le plus terre-à-terre qui le faisait agir ainsi? Il n'arrivait pas à faire la part des choses. Toujours est-il que le Cien se mit à sourire, montrant ainsi ses crocs démesurés, avant de s'assoir, continuant de fixer l'Avanien, avant de briser le silence:


-Ça fait longtemps que tu es ici?

À sa voix, cela devait plutôt être une louve. Et elle ne semblait pas vouloir l'attaquer, en tout cas pour le moment. Était-ce bon signe ou elle attendait l'arrivée d'autres Cien? Il frôlait la paranoïa, certes, mais son dernier souvenir impliquant les loups vampire avait bien failli être le dernier souvenir de sa vie, et c'est le genre de souvenir qui restait gravé à jamais.

Ne souhaitant pas risquer la colère de la louve qui l'observait, il se risqua à répondre, d'une voix légèrement tremblante malgré ses efforts pour se contrôler:

"A dire vrai, je l'ignore."

La réponse pouvait surprendre, mais c'était là la plus pure vérité: la panique lui avait fait perdre toute notion du temps et il ne pouvait pas se fier au soleil sur ces terres maudites, selon lui en tout cas.

En attendant, il restait sur la défensive. Pur réflexe incontrôlé. Ses seuls mouvement étaient sa respiration qu'il s'efforçait de maintenir calme, et les battements de son cœur.

"Puis-je savoir depuis combien de temps vous m'observez en silence?"

Aussitôt dit, il regretta d'avoir parlé. Certes, si cela faisait longtemps, cela pouvait dire qu'elle ne comptait pas le tuer. Mais si jamais elle décidait de passer à l'attaque, il savait que trop bien que l'issue lui serait fatale et rapide.

--Crois-tu sincèrement que je te suis depuis longtemps? Tu es sur mes terres, si tel était le cas, ça aurait été mon droit. Mais je ne suis pas de ceux qui s'amusent de leur victime. Je me reposais ici, sur mes terres, et tu as débarqué. Rien d'agressif venant de ma part, tu le remarqueras.

Effectivement, il devait le reconnaître: la louve n'avait pour le moment rien fait à son encontre, mis à part de lui faire peur. Mais ça, elle n'y était pas forcément pour grand chose... Cependant, la démarche qu'elle prit quelques instants n'était pas faite pour le rassurer, et ne put s'empêcher de faire un autre pas en arrière. Il n'allait pas réussir à se calmer complètement avant un bon moment...

-Je ne te ferais pas de mal mais... j'aimerais te poser deux questions.

Bon, ça ne coutait rien d'y répondre, si c'était dans ses moyens. Et si elle avait réellement l'intention de le laisser tranquille, il valait quand même mieux éviter de faire quelque chose qui puisse énerver la Cien. Du moins, dans une certaine mesure. Elle s'était assise en levant une patte pour poser ses questions...

-Un, combien êtes-vous sur notre territoire, en quête de fraicheur?

Le ton de sa voix était assez clair sur ce qu'elle pensait de ça: elle n'aimait pas. Et à vrai dire, l'Avanien pouvait comprendre. Il déglutit et ne put répondre avant qu'elle ne pose sa deuxième question.

-Deux, pourquoi être venu aussi loin, seul?

Bon, là la réponse serait peut-être un peu plus dure à trouver... Parce que lui-même n'en savait rien. Après tout, la chaleur était devenu supportable avant même d'entrer dans ces terres gelées. Néanmoins, il prit la parole.

"Alors, pour votre première question, je dois dire que je ne sais pas. Beaucoup en parlent, mais peu osent vraiment franchir la limite. Quand à moi, c'est vrai que pour la fraîcheur, il n'est pas nécessaire d'aller aussi loin. Mais je ne peux dire ce qui m'a poussé à m'approcher plus, je l'ignore. Au début tout du moins, avant que je perde mes repères..."

Était-ce vraiment prudent de dévoiler ce dernier point? Ça renforçait sa position de faiblesse par rapport à la Cien, bien que de toute manière, le loup blanc ne pourrait jamais connaître cette zone ne serait-ce que à moitié aussi bien que la louve aux yeux gris. Mais ce raisonnement n'arrivait pas à le rassurer totalement, et la peur était à chaque minute un peu plus pressante.

"Si ma présence sur ces terres vous gène, je peux toujours partir..."

-"Si" votre présence nous gêne? Comment pouvez-vous en douter? ... Mais je n'ai rien contre toi hein, juste de la rancœur envers ceux qui nous ont délaissé et se permettent maintenant de venir profiter de la bonne température!

Évidemment, il aurait du s'en douter... Sa réplique n'était que trop prévisible, tout comme la colère qui transparaissait dans sa voix, une colère qui lui avait fait reculer d'encore un pas.
Cependant, il venait d'apprendre quelque chose concernant la Cien: apparemment, elle avait des parents Avaniens... Une telle ascendance pouvait expliquer sa haine envers lui, tout comme il ne pouvait s'empêcher d'éprouver lui-même de la rancœur envers une représentante de la race qui avait massacré sa famille. Le loup et la louve n'avaient pas de raisons directes d'en vouloir précisément à l'autre, mais la haine séculaire entre les deux races transparaissait à travers eux.

-Personnellement, je trouve qu'il y en a déjà pas mal qui osent, peut être déjà trop. Et j'imagine que tu as cherché à retrouver ton chemin, pour ton cas?
Et vous ne venez pas en groupe? Vous êtes bien imprudent je trouve...

Elle semblait avoir repris son calme en détournant le regard. Et elle avait raison sur le premier point: il avait effectivement cherché à retourner chez lui. Tout du moins, avant qu'il ne cède à la panique et ne s'imagine observé de tous les côtés. Shkeil se mordit intérieurement: elle le savait perdu. Donc elle était capable de le mener n'importe où elle le souhaiterait... Sa seule chance résidait dans le fait qu'elle ne semblait pas tuer pour le plaisir, donc si il ne l'énervait pas trop, il pourrait êut-être s'en sortir.

-Les autres viennent en groupe je pense... Moi seul vient isolé des autres.

Il marqua une brève hésitation avant d'ajouter:

-Et ce n'est pas par courage, plutôt par folie et par dépit...

Malgré ses efforts, il n'avait pas réussi à garder un ton absolument neutre dans cette dernière phrase: une oreille bien exercée pouvait déceler la pointe de tristesse qui transparaissait l'évocation de cette vie solitaire. Et Shkeil avait bien conscience que la Cien entendrait cette faiblesse supplémentaire.

Évidemment... Quelle intonation pouvait échapper à l'ouïe fine d'un Cien? Ira entendit bien le doute transparaitre dans la voix du loup blanc. Sans ciller, elle l'observa, trouvant plus ou moins ses raisons d'être là stupides et imprudentes. Ne savait-il donc pas qu'il allait mourir? Ou alors, était-ce ce qu'il cherchait? Il y avait d'autres raisons de se tuer sans souffrir..!

-Et peut-on savoir pourquoi tu viens seul? Surtout, pourquoi tu viens en fait? Tu souhaites mourir?

Penchant la tête sur le côté, elle l'observa. Son intention n'était pas de l'effrayer, oh non, elle s'en fichait! Ce qu'elle voulait, c'était comprendre les raisons d'une action aussi peu... compréhensive, en fait. Complètement insensées... Tellement qu'elle voudrait lui venir en aide pour réparer sa bêtise, mais elle hésitait encore. Après tout, leur espèce exagérait! Mais... En même temps, il était solitaire, ce qui voulait dire que les autres ne verraient pas forcément grande différence s'il revenait. S'il fallait qu'il y en ait un qui meurt, autant choisir quelqu'un d'important. Ce pauvre loup là n'avait rien fait. Tout ce qu'elle espérait, c'est que s'il avait la chance de s'en sortir, il n'abandonne pas de louveteaux. Car elle l'attendrait, si tel était le cas.

-Si tu veux reprendre ta route, saches en tout cas que tu es bien loin de tes terres, tu as une bonne trotte pour revenir sur tes pas, puisque tu n'as visiblement fait que t'enfoncer dans nos terres.

Très rassurant, c'est sûr, mais elle lui disait au moins les choses telles qu'elles étaient.

[Pas du tout inspirée, désolée x.x]

"Mourir? Ça serait une idée tiens... Je rejoindrais ceux dont vous m'avez privé..."

Effrayé? Oh que oui il l'était. Et malgré ce qu'il disait, il ne voulait pas mourir. Mais il n'a pas pu s'empêcher, face à la Cien, de lui faire comprendre la cause de sa douleur. Il n'était pas sans savoir la source de la rancœur des leurs envers les siens, les abandons des Ciens enfants d'Avaniens, mais au moins, une bonne partie survivaient, recueillis.
L'annonce qu'il était loin des terres Avaniennes n'était que la confirmation de ce qu'il pressentait déjà... Il était dépendant du bon vouloir de la Cien pour sa survie.

Il recula d'encore un pas, de manière quasi-inconsciente... Les yeux unicolores réveillait en lui des souvenirs qui continuaient de le hanter.

"Qu'allez-vous faire de moi?"

[HRP: Pas inspiré non plus ^^; ]